LIVE REPORT

LE HORLA
+ SCRIPTA MANENT
+ ALL ANGELS GONE

CENTRE CURIAL PARIS - 08/10/2005

 

Scripta Manent
Scripta Manent
Scripta Manent
TDS-Le Horla
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All angels gone
All angels gone
All angels gone

Le Théâtre du Sang a beaucoup travaillé sur toute l’année qui vient de s’écouler. Nous présentant à l’hiver dernier leur adaptation du "Horla" de Guy de Maupassant mais n’étant alors pas véritablement "prête", l’équipe a su persévérer, cumulant les représentations, allant à l’encontre des critiques et des salles peu remplies, s’acharnant durement pour nous présenter hier soir le fruit de leur labeur.

Décidant de s’escorter de deux autres performances, "Scripta Manent" et "All Angels Gone", la troupe du Théâtre du Sang a su créer l’événement en nous proposant une soirée complète et variée.

La formation "Scripta Manent", composée d’un couple mixte, vit dans un monde bien à elle. Un monde que l’on ne saurait d’ailleurs décrypter. De l’expérimentation sonore, des bidouillages MAO (Musique Assistée par Ordinateur), mêlant petites mises en scènes et voix contant une vague histoire d’araignée et de libellule… On ne retiendra finalement de leur intervention qu’un délire psychotique et enfantin, une fabrication de bonbons maison (une sorte de sucre caramélisé gentiment offert à la fin), un moment un peu long tant les paroles sont difficiles à relier entre elles.

Une bonne mise en bouche toutefois pour appréhender la formule du Horla revue et corrigée. Celle-ci était accompagnée comme à l’accoutumée par Fab et Sand ("Crobard Team") pour les projections de V-Jing très réussies, malheureusement interrompue bien avant la fin car les compères avaient un autre rendez-vous à assurer (?!). On se demande même comment les comédiens ne furent pas déstabilisés alors que le petit public s’en trouva fort gêné. Pour le reste, outre quelques maladresses et bafouilles, le sujet fut bien mieux maîtrisé qu’un an auparavant. Dommage que la violoniste, visible dans un coin de la scène, fut sommairement vêtue, paraboots aux chevilles. Une capeline ne laissant entrevoir que l’expression de son visage et ses mains tenant son violon aurait mis davantage en valeur l’instrument et son rôle. Dommage que les tons ne soient pas toujours justes, ou que les attitudes ne soient pas toujours appropriées (hormis pour l'acteur le plus âgé et le plus charismatique). Oui voilà, il faudrait que le Théâtre du Sang soit plus intransigeant avec lui-même ! Qu’il refuse qu’une partie de son équipage quitte le navire avant l’heure, qu’il ose jouer sans micros si ceux-ci sont capricieux (et n'ont d'utile que de desservir leurs porteurs qui ont semble-t-il besoin de se parler sur scène), qu’ils soient plus regardants peut-être sur leurs accessoires (un gobelet en plastique : anachronisme ou manque de sérieux…), qu’il impose l’"uniforme" à chacun, qu’il refuse de jouer dans des endroits peu accueillants et peu accessibles ! Pourtant le cœur palpitant de leur talentueuse idée est bien là. Et tous ces manquements indiquent une réelle envie d’exister malgré le peu de moyens. On ne peut alors que les soutenir davantage, car ce théâtre-là, aussi tâtonnant soit-il, parvient à nous plonger, grâce à ses nombreuses améliorations sur l’ambiance (grâce notamment à une mise en musique très bien réalisée), dans un labyrinthe sombre et hypnotique, expérimental et ultra gothique ! Intéressant mais difficile, on le sent, trop linéaire aussi, faisant que la folie du récit ne prend pas sur scène en symbolique l’essor dont on l’accuse pourtant. Il faudrait que les choix soient plus incisifs, les idées poussées dans leur exagération. Reste donc à parcourir encore un peu de chemin avant de penser à ce qu’avait décrit Anne Rice, le petit théâtre des vampires de Paris, dans ses aventures de Lestat…

Nous passerons sur le semblant d’expo qui ornait les murs (un vulgaire A4 scotché à même les parpaings et la plaisanterie est à son comble…) pour nous pencher plus avant sur le plateau qui suivi : "All Angels Gone", estampillé "post rock" et animé par sept excellents musiciens à la batterie, à la guitare électrique, au violoncelle, au chant (et quelles voix !) ou au xylophone. Changement total d’ambiance et fabuleuse découverte. Rappelant beaucoup "The Aloof", "Cold Play" ou "Radiohead", ce groupe sent la sincérité, le plaisir de jouer, la créativité et mérite réellement d’être davantage connu.

Le Théâtre du Sang nous a fourni une atmosphère à la fois vive, obscure et acide grâce à leur "Horla" très prenant, conviviale et chaleureuse avec leur petit bar où l’on pouvait se ravitailler en nourriture faite maison. Quelque chose de fort a éclos, ce qui n’était pari gagné dans ce quartier "tour"istique du 19e. On ne peut que souhaiter à présent qu’ils nous proposent d’autres soirées de ce genre.

Dawn

Merci à Eden et toute la troupe du TDS.